Propos liminaire
«Les médocs ont engourdi mon cerveau. Trop pour pouvoir écrire avec mes tripes. Pas assez pour m’abrutir complètement et me laisser dériver à tes côtés. Je voudrais que mes mots soient doux comme ton grand sourire et tes yeux pétillants. Mes mots sont, ce soir, fades. Comme la vie qui s’écoule maintenant sans toi.
Je sens tes bras qui m’enlacent depuis ton départ. Tu es là. Tu fais parti de moi, je suis juste l’enveloppe qui te permet de suivre ton chemin. Non. Pas ton chemin, mais un chemin. Celui que nous poursuivons tous les deux maintenant. Ensemble. Mon chemin est le tien. Toi, qui a fait de la liberté ta devise. Nous, qui avons toujours respecté ta liberté. Et là tu te retrouves enchaîner à mon destin, à nos destins. Mon Lou, tu voyages avec nous tous. Tu passes d’un être à l’autre, au grès de tes envies. Au grès de ton humeur. Je suis juste là pour assurer les connexions entre nous tous. Chaque fois que tu veux te reposer, te confier, pour un baiser sur ton front, pour un câlin, pour exulter tes joies, pleurer tes peines et cracher tes colères… Je serai éternellement là.
Je regarde plus intensément chaque chose pour que tu puisses les voir aussi. Je respire pour toi. Respirer. Respirer cet air qui t’a manqué pour rester parmi nous. Un non-sens. C’est toi qui aurais dû écrire ces mots. La vie en a décidé autrement. Je termine ce verre de Manzana que j’ai trouvé dans le frigo de la Grange. Vestige certainement d’une des fêtes que tu as organisé ici avec toute ta bande de potes. Chaque endroit, chaque pièce, chaque lieu est imprégné de toi mon Lou. Source de souffrance autant que de bonheur. Bonheur de souvenirs joyeux. Souffrance de ces mêmes bonheurs qui n’existerons plus.
La flamme de la bougie qui danse et se consume pendant que j’écris ces mots est une lueur qui me rappelle que la vie est là. Mais mon cœur est froid mon Lou. Mon cœur est froid sans toi. Ma plus grande douleur est de savoir que tu ne pourras pas réaliser tes rêves. C’est nous qui allons devoir les vivre pour toi.»